[Article initialement paru sur le 1er site Shadoks en mai 2013. Comme pour les autres, je mettrais les infos à jour]
4 ans après, je vous refais le coup des capsules Nespresso. La couleur du lanceur m’amène à mettre du déca sur la photo… non pas que ce lanceur soit pour les pèpères. Oh que non. Pour parler comme les jeunes, il est plutôt « énervé ».
Rappel des évènements : mi-2011 Painthappy, le boss de MCB, nous présente le nouveau proto CCM. Quelques photos, pas une info technique même si on voit de suite qu’il ne s’agit pas d’un Sniper conventionnel.
Dans la foulée 5 ou 6 protos sont lâchés dans la nature assez rapidement afin de finaliser la mise au point.
Courant d’année on apprend le nom de ce petit nouveau : J11. J comme Jared, le prénom du designer. Jusqu’à ce que la date de la sortie soit repoussée en 2012.
C’est un petit peu dans la précipitation que le J12 est enfin disponible à la commande en décembre 2012. Juste à temps pour ne pas s’appeler J13 en somme.
50 exemplaires ont été proposés à la vente, et j’ai eu la chance de faire partie des plus rapides. Voici mon ressenti sur le bestiau.
Look et ergonomieComme j’ai tendance à le répéter, on aime ou pas, peu importe. Ce qui est indéniable c’est qu’on sort des sentiers battus côté look et qu’il ne laisse pas indifférent.
Des lignes épurées et modernes façon lanceur électro-compét/boulassor 2000, un régulateur intégré dans le corps de manière à sembler raccourci, une poignée 86 ou 90 inédite, la tranchée de réarmement, le pin de culasse et la biellette d’auto-trigger ont disparu.
Les plaquettes de poignée sont spécifiques et les raccords CCM rendus indispensables par le peu d’espace entre le régulateur et le pontet. Il faut admettre que cela a un certain cachet.
L’ensemble est très bien exécuté, comme d’habitude. Les liaisons d’usinage entre les différentes pièces sont parfaites. Seule exception, la culasse dont l’arrière parait avoir été détouré manuellement.
La prise en main est très bonne. On a l’impression d’être en terrain connu, en même temps ce n’est pas tout à fait vrai.
La nouvelle poignée est plus large que la 86 classique et l’angle est très agréable. La nouvelle configuration ramène la pompe plus prêt du joueur, et vu qu’on est sur un half block cela permet de jouer très compact. J’aime beaucoup.
Nouvelle pompe justement… elle est assez semblable à la EZ grip mais un peu plus charnue. J’ai de grandes mains et je la trouve confortable. Proche du canon mais ça ne gène pas, bref du bon boulot.
Côté souplesse de pompe c’est un peu moins bon que sur les CCM classiques. Je pense que c’est faute au galet en charge du timing de l’auto-trigger (voir plus bas). Rien de grave non plus (cela reste plus souple que sur la plupart des pompes fait maison sur base WGP), mais il faut être honnête : on s’éloigne un peu du niveau très élevé établi avec le Sterling.
La grande nouveauté est l’absence de retour de détente lors du slam. Je préfère préciser pour les plus mesquins d’entre vous : nouveauté sur cette base de lanceur, les Nelson et le Sterling le font depuis leurs origines.
J’ai le sentiment que cette absence de retour permet de garder le lanceur mieux aligné pendant le slam, le rendant plus précis. En tout cas j’ai été impressionné par la facilité avec laquelle il est possible de répéter les tirs.
[Edit: le format très compact du lanceur, la dureté (relative) de la pompe, sont définitivement les raisons de la précision du slam. On tient le lanceur littéralement collé contre soit, et plus fermement. Du coup on est plus précis.]
Les nouveautés techniquesPar où commencer… Bon, posons les bases.
Il ne s’agit plus d’un Sniper. Si vous voulez vous faire gentiment reprendre par Melissa, c’est la meilleure piste à prendre.
Oui, il s’agit toujours d’un lanceur pompe à deux étages, alimenté en air par l’avant et réglage de véloce via compression du ressort situé à l’arrière du lanceur. C’est à peut prêt tout ce qu’il reste de l’héritage WGP.
Du coup, vous pouvez oublier la compatibilité d’un certain nombre de pièces avec d’autres lanceurs.
Après réflexion, nous allons suivre le chemin le plus simple : celui emprunté par l’air puis nous parlerons du nouveau système interne de réarmement de marteau et de cette nouvelle détente.
Nouveau ASA : Il s’agit de la troisième génération. Le premier était réputé pour la dureté de la molette (rien qu’un peu de graisse pendant l’entretien ne pouvait résoudre, mais faut il encore entretenir son lanceur). Le second corrigeait ce problème mais ne purgeait pas.
Voici donc la toute dernière mouture qui purge et qui a une molette plus grande donc plus facile à tourner. Nous retrouvons aussi la pièce en laiton qui est susceptible de tomber du ASA si l’on serre la molette sans bouteille au cul…
Un détail que j’aime beaucoup sur les ASA CCM : la purge est en haut. Elle ne s’obstrue donc pas avec la boue ou la bille, ou alors il faut y aller très fort genre bain de boue.
Le régulateur : Comme évoqué plus haut, il a été relocalisé plus haut que d’habitude. Les internes restent identiques, en fait c’est le volume de la chambre qui est différent. La pression de service est de l’ordre de 300-350 psi.
A noter que nos bons vieux ASA équipés d’un mano ne seront plus utiles pour mesurer la pression de sortie. CCM n’a pas prévu de testeur de pression particulier, mais il y en a de dispo via Super Stanchy / MCB.
[Edit: depuis CCM commercialise un régulateur court dérivé de celui-ci, mais compatible avec les vertical ASA du marché]
Ensemble valve – marteau : La valve est la même que sur les anciens modèles, par contre elle est encapsulée dans une cartouche et non directement dans le corps. Le ressort de valve est très long (type Trilogie ou Spyder) et très souple. Il prend appui directement sur le bras de guidage de pompe.
De l’autre côté on trouve un marteau plus large que le standard (c’est aussi ça l’avantage de s’affranchir des côtes établies par WGP), plus lourd aussi. Le ressort de marteau parait plus dur que sur le reste de la gamme.
Le marteau intègre l’IVG, ce qui participe au gain de poids de l’ensemble. Du coup le réglage de vélocité se fait à l’inverse : sur ce modèle on diminue la vélocité en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. D’ailleurs attention à ne pas trop desserrer l’IVG, s’il tombe du marteau c’est un démontage complet assuré !!
L’ensemble permet une fermeture de valve franche, sans perte de gaz.
Culasse : Même une pièce simple comme la culasse peut être optimisée. Le pin de liaison avec le back block a disparu, il a été remplacé par un système 1/8 de tour autobloquant. Ce n’est pas nouveau, Dye s’est lancé sur cette route au début des années 2000 avec quelques déboires… espérons que cela se passera mieux ici. En tout cas c'est sympa à l'utilisation, et en cas de nettoyage pendant le jeu il n'y a pas de pin à perdre.
A noter l’usinage spécifique dû au nouveau système d’anti double feed (un simple joint torique coincé entre les deux parties du corps – système adopté aussi sur le T2 depuis l’année dernière).
[Edit: depuis la culasse et le pump arm ont eu des soucis. Après une quinzaine de cartons, la culasse portaient des marques liées au back block et le pump arm a cédé au niveau du filet, là ou il était le plus fin. CCM a fourni un nouveau back block, pump arm ainsi qu'une nouvelle culasse. Et ce au titre de la garantie.]
Poignée, détente et réarmement marteau : Ici on aborde le cœur du système, celui qui a posé le plus de questions.
Un des trois bras de pompe vient pousser le marteau (via une pièce en S qu’il faudra tomber pour enlever le marteau) et ainsi le bloque sur le sear. Rien de tout à fait nouveau, si ce n’est qu’il y a moins de contraintes mécaniques par rapport à la combinaison classique pompe / pump arm / back block / pin de culasse.
Le second bras n’est là que pour assurer le mouvement de la culasse. Le troisième étant un guide classique.
On appuie sur la détente, le sear s’abaisse et libère le marteau… tout est normal : c’est notre fameux clic, clic, boum.
C’est le fonctionnement du slam qui est nouveau et particulièrement bien pensé. Le premier bras (celui qui réarme le marteau marqué « 1 » sur la photo) coulisse sur un galet (2) monté sur la partie supérieure de la détente (3). Cette partie de la détente est en contact avec le sear, c’est donc elle qui autorise le déclenchement du marteau ou non.
Tant que ce bras est en contact avec le galet, le sear reste en position haute. Dès que la pompe est suffisamment avancée pour que la culasse soit en position de tir, le bras libère le galet. La partie supérieure de la détente bascule alors vers le haut et le sear descend, déclenchant le tir.
A noté que pour le coup il ne faut plus attendre à casser sa détente (en plein tournoi comme ça m’est arrivé) et ce n’est pas du luxe. Au passage celle-ci est désormais en aluminium.
Pour tout vous dire en voyant les photos de poignées diffusées l’été dernier par Melissa, je pensais que l’action allait se faire directement sur le sear sans passer par la détente. J’imaginais quelque chose de plus simple… car ici la mise au point n’est pas évidente. La force et la longueur du ressort doivent être parfaites : suffisamment costaud pour pousser la partie supérieure de la détente et libérer le sear tout en restant souple.
De plus, la longueur de la tige permettant de réarmer le marteau rentre en jeu et celle-ci n’est pas réglable par l’utilisateur. Je pense celle montée d’origine sur mon lanceur était un peu trop longue, et bloquait le galet donc le sear.
J’ai eu quelques déboires de ce côté ci… voir plus loin.
Pour résumer, la plateforme est vraiment inédite. D’ailleurs, il n’y a plus de possibilité de réglage (ou de déréglage) par l’utilisateur si ce n’est la pression du régulateur.
Du côté fabricant c’est très judicieux (moins d’assistance et une réputation encore améliorée, bien que CCM bénéficie déjà d’un crédit important). Par contre cela nécessitera une attention encore plus poussée lors du montage des lanceurs, les réglages étant plus pointus que sur le reste de la gamme. A noter qu’au moins 4 autres J12 ont développés les mêmes symptômes que le mien… j’appelle ça une erreur de jeunesse.
En jeu :Pour l’instant je n’ai joué qu’une demi-journée avec mon J12, voici néanmoins les premières impressions.
Premier passage au chrony, avec de la bille de compétition « presque récente » : 280, 278, 281, 280. What else ?
La prise en main est en définitive pas si différente des autres lanceurs de la gamme, on est en terrain connu. Du coup je n’ai même pas eu l’impression de jouer un nouveau lanceur.
C’est plutôt confortable et il n’y a donc pas de temps d’adaptation à prévoir.
J’ai surtout pratiqué du tir simple, relativement peu l’auto-trigger. Je trouve qu’il facilite la visée et je ne me l’explique pas trop si ce n’est pas le nouvel angle de la poignée. Du coup la répétition des tirs est très bonne.
En ce qui concerne l’A/T, c’est juste quelque chose de terrible. Malgré la pompe un peu plus raide que sur les autres modèles, elle est rapide et il y a vraiment possibilité de grouper les tirs facilement.
Pour ceux que je croise sur les terrains, il est évidemment à dispo pour que vous puissiez vous faire une idée. [Je l'ai vendu depuis - mais son nouveau propriétaire est préteur
]
Le SAV CCM :Et oui… j’ai aussi expérimenté cette partie là. Après avoir vidé un loader, le lanceur a commencé à avoir des petits soucis de sear qui restait bloqué en position haute.
Melissa chez CCM a été très réactive, me proposant plusieurs solutions dont un retour en atelier. Etant plutôt dégourdi de mes 10 doigts je lui ai demandé de m’envoyer des spares. Départ le jour même… j’ai changé le ressort de détente (un peu plus long) et le sear mais malheureusement sans résultat intéressant.
Le lanceur est donc reparti en Californie pour une modification et des réglages très précis niveau ressort de détente, entre autres. Les frais de port pour le retour ont été couverts. Le tout effectué en 3-4 jours chez eux, puis re-expédition (il a déjà fait le tour de la terre mine de rien !)… en tout 2-3 semaines d’immobilisation.
Autant dire que je me suis jeté dessus dès réception. Course plus souple (moins de frottement en internes), timing d’auto-trigger amélioré (déclenchement plus tardif, au poil à mon sens) et une détente ultra courte tout en restant ferme lors des tirs sans A/T. Et surtout, plus de soucis de sear bloqué.
Donc très content des prestations de CCM, même si j’aurais préféré ne pas savoir !
[Edit: comme mentionné plus haut, j'ai eu affaire à eu plus tard pour ce J12. Ils sont toujours au top]
Conclusion :Après 1 an ½ d’attente, il n’est pas rare d’être déçu. On a imaginé pas mal de chose, entre autre d’aller repeindre le groin des copains à la première sortie. Une fois cette frustration mise de côté (mon côté CCM fan boy aussi), il faut admettre que CCM a mis la barre encore un peu plus haut.
Il n’est pas facile quand on est l’un des leaders sur son marché de se remettre en question et de faire évoluer sa gamme. C’est même parfois courageux, et pour le coup c’est réussi. D’ailleurs l’engouement pour ce modèle démontre bien que le succès sera au rendez vous : à ce jour plus de 250 personnes sont sur liste d’attente. Sachant qu’il est prévu de fabriquer des batchs de 50 pièces et que le second devrait pointer le bout de son nez 3-4 mois après le premier… je vous laisse faire le compte du délai d’attente !
Ce lanceur est définitivement une réussite. Les progrès techniques en font un lanceur tout terrain et toutes conditions climatiques. La prise en main est très bonne, et certains on même parlé d’auto-trigger diabolique ou de « machine de guerre ». Bref, il est taillé pour la compétition.
La grande question étant : est ce mieux qu’un T2, un S6.5 et en avez-vous vraiment besoin ?
Evidemment, un lanceur est là pour tirer des billes et les deux autres half block de la gamme le font aussi très bien. Là ou l’intérêt est indiscutable, c’est que même acheté d’occasion vous pouvez être sûr qu’il sera réglé au poil. Donc c’est LE lanceur pour les non bricoleurs.
Seul bémol, et il n’est pas anodin : les options indispensables qui augmentent le prix de manière assez conséquente. Les grips alu et les raccords CCM représentent 60$ en plus.
Je ne suis pas en mesure de dire si les prochains exemplaires pourront être achetés sans le kit canon ou le feeder à levier, mais si c’est le cas faites des économies de suite (ils représentent environ 100$ de mieux). D’autant plus que la politique tarifaire de CCM en ce qui concerne les options de couleurs à changé depuis le début d’année. Désormais il faut compter 25$ de plus par couleur au lieu d’un tarif unique à partir de 2. Au début j’avais en tête un modèle à 8 couleurs… autant vous dire que j’ai vite fait machine arrière !
Bref, si vous êtes intéressé, je vous conseille fortement de vous rapprocher de Melissa pour être mis sur liste d’attente : melissa@chipleymachine.com. [Edit: le J12 ne sera plus produit, et Mélissa & Rod ont quitté CCM. Vous aurez désormais affaire à Laury. Votre seule chance de posséder un J12 est d'économiser environ 1300 Dollars et de trouver un Américain ou Canadien conciliant, le seul français en possédant un n'étant pas prêt de la lâcher].
Les plus: Look ?
A/T sans retour de détente
Absence de tranchée dans le tube inférieur
Culasse sans pin
Nouveau ASA « enfin parfait »
Les moins:Look ?
Plus produit
Prix à l'occasion